Retour sur « Patrimoine et participation citoyenne »

13 Juil 2017

Retrouvez l’ensem­ble des présen­ta­tions de cette journée sur l’e­space adhérents

Pat­ri­moines et par­tic­i­pa­tion citoyenne, Toulouse ©Fred­er­ic Maligne

Jean-Luc MOUDENC, Maire de Toulouse et Prési­dent de Toulouse Métro­pole a intro­duit cette journée en évo­quant l’évolution de la prise en compte du citoyen de ce qui fait pat­ri­moine sur un ter­ri­toire. Pen­dant longtemps, la recon­nais­sance du pat­ri­moine émanait soit de pro­jets pres­tigieux portés par les insti­tu­tions sans les habi­tants, soit par des mobil­i­sa­tions et des luttes citoyennes pour la préser­va­tion d’un pat­ri­moine men­acé. Aujourd’hui, les col­lec­tiv­ités avan­cent avec une approche plus con­struc­tive et pro­duc­tive. Le pat­ri­moine n’appartient pas unique­ment à quelques sachants. Nous assis­tons à l’émer­gence d’un véri­ta­ble esprit citoyen autour de la ques­tion pat­ri­mo­ni­ale. C’est un véri­ta­ble atout pour les pro­jets de demain, qui doivent être nour­ris de cette volon­té populaire.

Toulouse Métro­pole et la Ville de Toulouse mènent aujourd’hui une réflex­ion sur l’Ile du Rami­er, en cœur de ville, classée en Zone nationale d’intérêt écologique, floris­tique et fau­nis­tique mais qui abrite aujourd’hui un cen­tre des con­grès, très peu inté­gré dans cet ensem­ble d’un pat­ri­moine naturel excep­tion­nel. Le pro­jet a pour objec­tif de déplacé ce cen­tre d’affaires vers l’extérieur de la ville pour redonner à cette île toute la qual­ité de son pat­ri­moine naturel à tra­vers un parc urbain, véri­ta­ble poumon vert en cen­tre-ville. La con­cer­ta­tion menée avec les habi­tants sur ce pro­jet a été exem­plaire et a ain­si mon­tré l’attachement qu’avaient les citoyens à leur pat­ri­moine et com­ment col­lec­tiv­ités et habi­tants pou­vaient tra­vailler ensem­ble pour val­oris­er leur patrimoine.

Michel SIMON, 1er Adjoint à la Ville de Cahors et prési­dent du groupe de tra­vail « Quartiers anciens, quartiers durables » de Sites & Cités remar­quables de France, a ensuite com­plété les pro­pos du maire en partageant sa vision et l’expérience de Cahors. La Ville mène depuis quelques années une poli­tique volon­tariste pour son cen­tre ancien et la par­tic­i­pa­tion citoyenne est au cœur du pro­jet urbain, notam­ment avec une ges­tion et des dis­cus­sions quo­ti­di­ennes avec le con­seil citoyen sur l’ensemble des pro­jets. Dans le cadre du pro­jet européen SUDOE, autour de la tran­si­tion énergé­tique du bâti ancien, un Fablab va être créé en plein cœur du cen­tre ancien. Il a pour voca­tion d’accueillir dif­férents usages, afin d’à la fois être un démon­stra­teur d’opérations de réha­bil­i­ta­tion de qual­ité mais aus­si pour devenir un lieu dynamique du cœur de ville.

Par la suite, les dif­férentes inter­ven­tions de la journée ont per­mis d’évoquer les nou­veaux usages du vivre-ensem­ble en cen­tre ancien et de la val­ori­sa­tion des patrimoines.

LES NOUVEAUX USAGES DU VIVRE-ENSEMBLE EN CENTRE ANCIEN : L’EXEMPLE DES TIERS-LIEUX

Julie Espos­i­to, direc­trice de La Can­tine à Toulouse ©Fred­er­ic Maligne

Les tiers-lieux sont ici défi­nis comme les espaces de co-work­ing, Fablab et lieux à l’initiative des usagers. A par­tir des témoignages de Julie ESPOSITO, direc­trice de La Can­tine, tiers-lieu implan­té dans le cen­tre de Toulouse depuis plusieurs années, issu du réseau de La Mêlée numérique, et de Bernard BRUNET, con­sul­tant hon­o­raire en développe­ment local et à l’initiative d’un Fablab sur la Ville de Pamiers, les dif­férents échanges qui ont suivi, ont per­mis d’amorcer une réflex­ion sur le rôle que peu­vent avoir ces entre­pris­es du XXIe siè­cle dans le développe­ment local des territoires.

Les modes de tra­vail ont évolué. Que ce soit avec l’ère du numérique qui favorise le télé-tra­vail mais aus­si par un développe­ment des formes d’entreprenariat. Ces nou­veaux modes entrainent un besoin plus impor­tant de con­tact, d’échange et de sol­i­dar­ité. Les tra­vailleurs indépen­dants ont besoin d’espaces où ils peu­vent mutu­alis­er leurs ressources et partager des formes de créa­tiv­ité économique.

Les tiers-lieux sont ain­si, avant tout, des lieux de ren­con­tre, de partage et de con­vivi­al­ité. Ils con­tribuent à une nou­velle forme de vivre-ensem­ble et ont donc toute leur place dans les cen­tres anciens. Ce sont des lieux de tous les pos­si­bles, qui à la fois abri­tent des dynamiques économiques liées à l’emploi mais aus­si des usages de la vie de tous les jours et en lien avec les quartiers dans lesquels ils s’implantent. Ils doivent être mod­u­laires pour évoluer dans le temps.

Dans les cen­tres anciens, notam­ment pour ceux qui se paupérisent, ils peu­vent redonner une nou­velle fierté aux habi­tants. Ce sont leurs lieux d’expression, puisqu’ils en sont à l’initiative. En effet, pour que les tiers-lieux soient une réus­site, il est impor­tant qu’ils soient portés par les usagers et les citoyens. Les col­lec­tiv­ités ont ain­si un rôle de facil­i­ta­tion dans la créa­tion de ces espaces, par exem­ple en met­tant à dis­po­si­tion du foncier.

C’est une nou­velle forme de parte­nar­i­at qui se forme entre les acteurs publics et ce qu’on pour­rait nom­mer les « acteurs com­muns » puisque les tiers-lieux sont des lieux de biens com­muns. L’ensemble de ces ini­tia­tives se développe sur les ter­ri­toires depuis peu de temps. Ce sont des réflex­ions nou­velles pour lesquelles les acteurs de tiers-lieux instal­lés depuis plusieurs années doivent appuy­er les ter­ri­toires novices.

PARTICIPATION CITOYENNE ET REDYNAMISATION DES CENTRES ANCIENS

Les démarch­es de par­tic­i­pa­tion et de con­cer­ta­tion au ser­vice de pro­jet de redy­nami­sa­tion des cen­tres anciens ont été abor­dées par Gérard GASSELIN, directeur de Sol­i­dar­ité Villes, Camille COSTE, en ser­vice civique à la Ville de Lave­lan­et et Lionel RAMI, chef de pro­jet AMI Cen­tre-Bourg sur la Ville de Lauzerte. Ces trois présen­ta­tions ont été l’occasion de mon­tr­er que lorsqu’il s’agit de par­tic­i­pa­tion, il est impos­si­ble d’appliquer des out­ils et méth­ode « copi­er-coller » d’un ter­ri­toire à l’autre. Chaque site a ses spé­ci­ficités qu’il faut pren­dre en compte lors de la mise en place de ces démarch­es participatives.

Qui plus est, ces démarch­es appa­rais­sent de plus en plus essen­tielles dans la fab­rique des ter­ri­toires, notam­ment dans des pro­jets de redy­nami­sa­tion des cen­tres anciens. Si l’on souhaite que les habi­tants se réap­pro­prient ces quartiers, ils doivent être asso­ciés dès la réflex­ion et la con­struc­tion du pro­jet. C’est ce que les exem­ples de la Ville de Lave­lan­et et de Lauzerte ont démon­tré. Ces deux cen­tres-bourgs, dans le cadre de leur pro­jet de redy­nami­sa­tion, ont mené des démarch­es de réflex­ion avec les habi­tants. Autour d’ateliers de con­cer­ta­tion thé­ma­tisés, d’échanges et de work­shop avec des étu­di­ants, mais aus­si avec l’intervention d’associations, comme à Lave­lan­et avec « Caméra au poing » qui a réal­isé avec les habi­tants des petits films sur leur cen­tre-bourg, ou encore d’actions de réap­pro­pri­a­tion des espaces publics, avec la mise en place de repas de quarti­er, de jar­dinières partagées ou de boîte à troc, ces retours d’expériences ont mon­tré qu’on pou­vait enclencher de véri­ta­bles démarch­es de co-con­struc­tion de pro­jet avec les habi­tants, sans y met­tre beau­coup de moyens. Cela est une réus­site car les habi­tants changent ain­si petit à petit leur regard sur le cen­tre-bourg et ont envie de plus s’investir pour la vie de leur quarti­er. Les élus y gag­nent aus­si en adap­tant leur pro­jet sur mesure par rap­port aux réels besoins des usagers.

L’USAGE DU NUMÉRIQUE DANS LA PARTICIPATION ET L’APPROPRIATION DES HABITANTS DE LEURS PATRIMOINES

Math­ieu MARSAN, chargé de mis­sion à Sites & Cités remar­quables de France, a, dans un pre­mier temps, présen­té le guide « Val­ori­sa­tion numérique des pat­ri­moines », réal­isé par Sites & Cités remar­quables de France en parte­nar­i­at avec la DRAC Nou­velle Aquitaine et la Caisse des Dépôts et Consigna­tions, qui recueille un cer­tain nom­bre d’initiatives autour de ces nou­veaux usages du numérique dans les domaines de val­ori­sa­tion et médi­a­tion des pat­ri­moines. Il a aus­si présen­té le dis­posi­tif d’Oh Ah Check, qui évolue à par­tir de sep­tem­bre prochain pour devenir l’application de « Sites & Cités, l’appli » pour un développe­ment du dispositif.

Jérémy FRETIN, chargé de développe­ment à Com­me­on, a présen­té le dis­posi­tif que leur struc­ture met en place. Sous la forme d’une plate­forme de finance­ment par­tic­i­patif, ils ont pour objec­tif de per­me­t­tre à des acteurs publics ou privés de récolter des fonds pour financer des pro­jets liés à la cul­ture et aux pat­ri­moines. Ils ont ain­si déjà œuvré avec le Musée de la Révo­lu­tion française pour acquérir la pre­mière pein­ture représen­tant la République mais aus­si avec l’église de Saint-Ger­main-des-Près pour restau­r­er la voûte étoilée de l’édifice.

Cather­ine Bernard, direc­trice-adjointe des Archives munic­i­pales de la Ville de Toulouse présente le dis­posi­tif Uban-Hist ©Sites & Cités

La Ville de Toulouse a, par la suite, présen­té deux de ses dis­posi­tifs numériques autour de son pat­ri­moine. Cather­ine BERNARD, , a présen­té le dis­posi­tif d’Urban-Hist. Ce site inter­net, ouvert au grand pub­lic à par­tir de sep­tem­bre prochain, per­me­t­tra à tout usager, tant sur son ordi­na­teur, que sa tablette ou smart­phone, de décou­vrir autour de lui tout le pat­ri­moine toulou­sain, recen­sé par le ser­vice de l’Inventaire. Avec un sys­tème de géolo­cal­i­sa­tion, tout en se prom­enant, il pour­ra décou­vrir les points remar­quables recen­sés dans la base don­née et une fiche expli­quant les élé­ments essen­tiels de ce pat­ri­moine. Des par­cours thé­ma­tisés ou des onglets par thé­ma­tiques seront aus­si pro­posés. L’application per­me­t­tra aus­si de recenser tous les ser­vices publics (trans­ports, toi­lettes publiques…) à dis­po­si­tion de l’usager.

Marie BONNABEL, du Cou­vent des Jacobins à la Ville de Toulouse, a présen­té le nou­veau par­cours ludique sur tablette mis en place pour les familles au sein du Cou­vent des Jacobins. A tra­vers un jeu de piste au sein du mon­u­ment, il per­met aux enfants de décou­vrir toute l’histoire et le pat­ri­moine du lieu.

La journée a été con­clue par Annette LAIGNEAU, Maire-Adjointe à la Ville de Toulouse en charge de la coor­di­na­tion des poli­tiques d’urbanisme et d’aménagement, de la mise en valeur du pat­ri­moine toulou­sain et de la procé­dure de classe­ment du cen­tre-ville de Toulouse au pat­ri­moine mon­di­al de l’UNESCO, qui a rap­pelé le rôle essen­tiel qu’avaient les citoyens dans les pro­jets sur les cœurs de ville et la recon­nais­sance de leurs pat­ri­moines.