Plan National en faveur des nouveaux espaces protégés

15 Jan 2017

Il y a plus d’un demi siè­cle, la Loi Mal­raux mar­quait l’histoire de nos villes. Grâce à la recon­nais­sance de notre immense pat­ri­moine urbain, face à la néces­sité de sa sauve­g­arde, face aux destruc­tions de la guerre et à l‘insalubrité de nos cen­tres, l’État engageait une poli­tique nationale. Cette poli­tique a grande­ment con­tribué au développe­ment et au ray­on­nement d’une cen­taine de villes.

Aujourd’hui un nou­veau défi est à relever. Il y a urgence à pro­longer ce pre­mier suc­cès car un grand nom­bre de villes petites et moyennes est resté à l’écart de ce mou­ve­ment. C’est à un véri­ta­ble décrochage cul­turel, social, économique, c’est à une rup­ture dans l’aménagement de notre ter­ri­toire que nous sommes con­fron­tés. La Loi rel­a­tive à la Lib­erté de créa­tion, à l’Architecture, au Pat­ri­moine, avec les nou­veaux « Sites pat­ri­mo­ni­aux remar­quables » qu’elle a créés, est la chance qui s’offre pour agir. Ce sont en effet env­i­ron 600 villes petites et moyennes qual­i­fiées « site pat­ri­mo­ni­al remar­quable » qui voient leurs cen­tres his­toriques se vider et se dégrad­er. Or on ne les sauvera pas sans faire renaître leurs cen­tres, en y faisant revenir des habi­tants et des activ­ités. C’est là le cœur du « pro­jet glob­al de développe­ment » de ces villes, pro­jet qu’il faut con­stru­ire grâce à un fort engage­ment de l’État et des Régions dans le cadre du Plan Nation­al des nou­veaux espaces protégés.

Le Plan Nation­al doit être fondé en pre­mier lieu sur le principe des Alliances avec les villes et leurs insti­tu­tions les plus puis­santes, avec les ter­ri­toires ruraux qui ont besoin de « pôles de cen­tral­ité » pour les faire vivre. Ce principe se traduit par les réseaux de trans­port à dévelop­per, les accords à provo­quer entre les hôpi­taux, entre les insti­tu­tions et struc­tures cul­turelles, entre les acteurs économiques.

Un deux­ième aspect est lié à la néces­sité de créer une maîtrise d’œuvre urbaine pat­ri­mo­ni­ale per­ma­nente grâce à l’association des com­pé­tences déjà exis­tantes, autour d’un chef de pro­jet. Si beau­coup de com­pé­tences exis­tent, elles sont mal­heureuse­ment dis­per­sées. Il faut les rassem­bler à l’échelle des ter­ri­toires, faire tra­vailler les archi­tectes, les urban­istes, les paysag­istes, faire tra­vailler les équipes des parcs naturels et des agences d’urbanisme les plus proches, dévelop­per une nou­velle con­cep­tion de « l’agence de développe­ment » en faveur de l’investissement créatif dans nos villes.

S’agissant du con­tenu, la pri­or­ité du pro­jet de développe­ment glob­al c’est l’habitat en cen­tre ville dont l’abandon est le signe le plus inquié­tant du dépérisse­ment. Une cause évi­dente de cette sit­u­a­tion est la pri­or­ité con­stante apportée au loge­ment neuf en périphérie des villes, au détri­ment des aides en faveur du loge­ment ancien en cen­tre ville. C’est un véri­ta­ble ren­verse­ment des poli­tiques qu’il faut provoquer

Ce sont aus­si les habi­tants qui per­me­t­tront aux com­merces de se main­tenir en cen­tre ville. Mal­heureuse­ment le com­merce est un des pires exem­ples des poli­tiques con­tra­dic­toires menées par les élus, avec la com­plic­ité de l’État. La pro­liféra­tion anar­chique en périphérie des sur­faces com­mer­ciales détru­it nos cen­tres, l’environnement de nos villes et leurs entrées.

Enfin on dévelop­pera l’attractivité de nos villes en faisant con­verg­er trois dynamiques : l’accessibilité notam­ment numérique, le ren­force­ment d’un accueil de qual­ité et du tourisme, l’innovation cul­turelle et pat­ri­mo­ni­ale. L’arrivée du haut débit, encore loin d’être acquise, doit per­me­t­tre d’implanter des activ­ités et des pro­jets où se mêlent les ser­vices privés et publics. Ces pro­jets appa­rais­sent déjà dans cer­taines villes grâce à une offre de locaux peu coû­teux et à la qual­ité envi­ron­nemen­tale de l’architecture et du paysage. Con­cer­nant le tourisme, un pro­gramme est à organ­is­er avec Atout France et les Régions, pour mod­erniser et créer une « hôtel­lerie pat­ri­mo­ni­ale » qui ren­forcera le rôle des cen­tres his­toriques dont le poten­tiel est sous-exploité. Enfin, la mise en œuvre tout au long de l’année d’une poli­tique cul­turelle, artis­tique, pat­ri­mo­ni­ale peut être un atout pour le main­tien des habi­tants, et mieux, pour leur retour, ain­si que pour le ray­on­nement des villes.

La ges­tion du Plan Nation­al se fera avec une forte décon­cen­tra­tion vers les préfets de Région en lien avec les prési­dents de Région. Au sein du Com­mis­sari­at général à l’égalité des ter­ri­toires, une mis­sion réu­nis­sant les directeurs des admin­is­tra­tions con­cernées sera créée pour assur­er le finance­ment et le suivi du Plan Nation­al. Elle s’appuiera sur un obser­va­toire des villes et des territoires.

Les finance­ments seront ceux qui exis­tent déjà en les rassem­blant sur les pri­or­ités. C’est dans la démarche et la réforme des com­porte­ments des admin­is­tra­tions, des opéra­teurs qu’on pro­gressera, sachant qu’il s’agit d’une action com­binée qui s’inscrit dans la durée d’un Plan Nation­al à 10 ans.

Yves Dauge, 28 sep­tem­bre 2016

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