Retour sur le Groupe de travail Commerce

26 Juil 2018

Compte rendu sur le Groupe de travail “Attractivité commerciale du Cœur de ville”

Contexte actuel de la commercialité et nouveaux services de proximité

Présents : Alain VOGEL-SINGER, maire de Pézenas, Lau­rence PHILIPPE, chargée de mis­sion SPR Min­istère de la Cul­ture, Cédric BUREAU, chargé de mis­sion val­ori­sa­tion du pat­ri­moine archi­tec­tur­al, ville de Saint-Nazaire, Pas­cal MADRY, directeur de l’Institut pour la Ville et le Com­merce, Marie-José MIALOCQ, Maire d’Arbonne, CA Pays Basque, Franck CHAIGNEAU, expert développe­ment rur­al Caisse des Dépôts, Diane de MARESCHAL, chargée de mis­sion développe­ment économique Caisse des Dépôts, Pierre GUILBAUD, directeur dynamisme urbain Aux­erre, Claire GARNIER, études pro­jets amé­nage­ments Aux­erre, Cédric DE SOUSA BARROSO, chef de pro­jet réno­va­tion urbaine, Jean-Luc CALONGER, prési­dent asso­ci­a­tion de man­age­ment du cen­tre-ville Mons Bel­gique, Olivi­er THIL, directeur de pro­jet Action cœur de ville Saint-Dié-des-Vos­ges, Marylise ORTIZ, direc­trice Sites & Cités, Olivi­er BAYLE-VIDEAU, chargé de mis­sion urban­isme pat­ri­mo­ni­al et développe­ment durable à Sites & Cités, Jonathan FEDY, chargé de mis­sion coopéra­tion inter­na­tionale à Sites & Cités, Jean-Michel GALLEY, chargé de mis­sion val­ori­sa­tion des pat­ri­moines à Sites & Cités.

Excusée : Sylvie Laget, ser­vice des études, de la prospec­tive et de l’é­val­u­a­tion à l’ANAH

Introduction Sites & Cités :

Ce groupe de tra­vail fait suite à la ren­con­tre jumelée avec la thé­ma­tique Cen­tres-Bourgs à Saint-Flour en juin 2017. La com­mer­cial­ité de cen­tre-bourgs a égale­ment été traitée lors de la journée de tra­vail Cen­tres-Bourg à Joinville en avril 2018. Aujourd’hui, il est ques­tion de traiter du con­texte actuel de la com­mer­cial­ité et des enjeux pour les bourgs de demain.

Pas­cal Madry, directeur de l’Institut pour la Ville et le Com­merce, présente son asso­ci­a­tion qui regroupe les acteurs tels que les investis­seurs, pro­mo­teurs, amé­nageurs comme les SEM et com­merçants indépen­dants, mais aus­si les villes, les élus, des chercheurs etc. Il intro­duit son inter­ven­tion avec une étude sur l’impact du com­merce dans l’organisation des ter­ri­toires. Le com­merce est né avec l’apparition des villes. Toute­fois on a du mal à trou­ver les lignes de forces pour analyser la dynamique com­mer­ciale. On peut en repér­er : une pre­mière révo­lu­tion com­mer­ciale s’est opérée en 1850, puis une deux­ième entre les années 1950 et 1990. Une troisième est en marche depuis 1990 comme le présente Philippe Moati, avec un mode d’hyperconsommation. Nous sommes passé d’une économie domes­tique à une économie glob­ale. Depuis 1950, le com­merce cherche à sor­tir de la zone locale pour attein­dre une économie globale.
Der­rière une vit­rine de com­merce de détail se cache de nom­breuses organ­i­sa­tions et de nom­breux métiers. Ce com­merce de détail représente 25% du vol­ume des ventes alors qu’il représen­tait 90% en 1960. Les moyennes sur­faces représen­tent quant à elles 66%. Le cen­tre-ville lui ne représente que 17% de ce volume.
Il y a plusieurs raisons à cela. Par exem­ple, une chaîne comme Celio, voy­ant ses parts de marché chuter, a décidé de dévelop­per encore plus de mag­a­sins, pour pou­voir plus peser et mieux négoci­er face à ses four­nisseurs. Avec l’apparition des inter­com­mu­nal­ités sont nées de plus grandes sur­faces com­mer­ciales car la com­péti­tion s’est déplacée à l’échelle des ter­ri­toires (pour­tant en pleine péri­ode Loi Chevène­ment, Loi ALUR etc.)
Si, il y a dix ans le taux de vacance com­mer­ciale était prépondérant dans les métrop­o­les, ce phénomène s’est aujourd’hui inver­sé. Les métrop­o­les s’en sor­tent mieux et les petites et moyennes villes ont une vacance de 25% à 30%. Les villes touris­tiques ont, quant à elles, un autre rythme : la courte sai­son touris­tique suf­fit à réalis­er le chiffre d’affaire, le com­merce viv­otant le reste de l’année.

Cela dit, pour Pas­cal Madry, la déprise com­mer­ciale est à dis­tinguer de la déprise du loge­ment. Cette propo­si­tion a été large­ment débattue. Des com­merçants sans habitants ?

Pour Alain Vogel-Singer, maire de Pézenas et Prési­dent du groupe de tra­vail, ce n’est pas si sim­ple : depuis l’existence de ces groupes de tra­vail sur la com­mer­cial­ité, il retient qu’il faut se méfi­er de la pen­sée unique, et que les sit­u­a­tions sont con­trastées suiv­ant les lieux étudiés. De plus, les élus sem­blent touchés de schiz­o­phrénie lorsque l’on entend des dis­cours d’un côté, et la réal­ité de l’autre vu la quan­tité de m² « lâchés » en CDAC.

Jean-Luc Calonger, prési­dent de l’association de man­age­ment du cen­tre-ville de Mons en Bel­gique, rap­pelle qu’un arti­san de qual­ité sait attir­er une clien­tèle d’aussi loin qu’un cen­tre com­mer­cial. Au sujet de ce dernier, une propo­si­tion de pro­jet de loi du Sénat veut instau­r­er la tax­a­tion des opéra­tions de grandes sur­faces si elles ne prof­i­tent pas au centre-ville.

Un axe de prospec­tive : c’est quoi une bou­tique ? C’est un lieu où se gèrent plusieurs flux, comme l’information, la mon­naie, les biens, mais aus­si de la socia­bil­ité. Et ce, depuis le marc­hand à la devan­ture min­i­mal­iste au moyen âge à la bou­tique du 19ème siècle.
Aujourd’hui, pour la pre­mière fois, on peut se pass­er d’une bou­tique, qui n’est plus indis­pens­able. On se passe aus­si donc de sociabilité.
Une évo­lu­tion qui fait appa­raître de nou­velles con­tro­ver­s­es : il ne s’agit plus d’opposer bou­tiques et grande dis­tri­b­u­tion, mais plutôt mag­a­sins et plateformes.

Le man­age­ment de cen­tre-ville est aus­si source de débat : faut-il gér­er un cen­tre-ville comme un grand cen­tre com­mer­cial ? A l’inverse, les struc­tures fon­cières des grandes dis­tri­b­u­tions s’intéressent aujourd’hui à l’aménagement des cen­tres-villes. Il existe un fort lob­by­ing pour revenir s’installer en cen­tre-ville, mais avec des con­di­tions très par­ti­c­ulières, comme alléger les normes même dans des périmètres patrimoniaux.

Franck Chaigneau, expert développe­ment rur­al à la Caisse des Dépôts, à son tour présente 4 enjeux du com­merce en cen­tre-bourg de demain.

  • Le pre­mier est de se posi­tion­ner dans un bassin de vie, c’est-à-dire que l’appareil com­mer­cial doit s’adapter à l’évolution de la pop­u­la­tion. En taille (s’autoriser à moins de sur­faces com­mer­ciales), en répar­ti­tion centre/périphérie et en spa­tial­i­sa­tion (den­si­fi­ca­tion).
  • Le deux­ième, c’est de se posi­tion­ner dans un pro­jet urbain, donc d’intégrer le com­merce comme élé­ment d’une revi­tal­i­sa­tion glob­ale qui fait évoluer les clien­tèles, qui con­necte le com­merce avec les syn­er­gies pos­si­bles (asso­ci­a­tions, tourisme, sig­nalé­tique…) et qui con­solide une gou­ver­nance (inter­locu­teur dédié, instance de dialogue…)
  • Troisième enjeu pour Franck Chaigneau, se posi­tion­ner dans une moder­nité. Moder­nité sym­bol­ique tout d’abord, à savoir penser à l’esthétique et aux achats plaisirs, une moder­nité pra­tique, en mul­ti­pli­ant les ser­vices (con­seil, point livrai­son…), en prenant en compte l’environnement et les pro­duits locaux. Enfin une moder­nité con­nec­tée (inter­net, collaboratif…)
  • Enfin il faut s’inscrire dans la durée et éviter les effets de cycle, au moyen de la maîtrise fon­cière (acqui­si­tions, réha­bil­i­ta­tions, sen­si­bil­i­sa­tion des pro­prié­taires au coût des loy­ers…), en favorisant l’installation au moyen de bou­tique à l’essai, de pépinières de com­merces, mais aus­si des liens avec les réseaux d’aide à la créa­tion d’entreprise. Sans oubli­er la trans­mis­sion, à savoir détecter, sen­si­bilis­er et anticiper, et mieux accompagner.